La Via Francigena

Jules César ordonna vers 58 avant Jésus-Christ la construction d’une route transcontinentale afin de faciliter les échanges entre la mer du Nord et la Méditerranée, c’est-à-dire entre les provinces septentrionales de l’Empire Romain et Rome, son épicentre politique.

Avec l’avènement du Christianisme, l’axe routier transcontinental se vit attribuer une fonction supplémentaire en devenant une voie de pèlerinage.

Dans la plupart des religions, les croyants se rendent dans les lieux saints afin d’exprimer leur foi. Dès le IIème siècle de notre ère, Jérusalem, qui abritait le corps du Christ, commença à attirer les premiers chrétiens. Pour les habitants de l’Europe septentrionale, le voyage était long, onéreux et souvent dangereux.

Constantin fut le premier empereur romain à se convertir au christianisme et à encourager l’essor de l’Eglise chrétienne. Dès lors, de nombreux fidèles se contentèrent d’aller honorer les tombes de saint Pierre et de saint Paul à Rome, plutôt que d’effectuer le long périple jusqu’au Saint-Sépulcre.

L’ampleur du pèlerinage vers Rome s’accentua à partir du VIIème siècle lorsque l’islam se propagea à travers tout le Moyen-Orient, rendant encore plus périlleux le voyage jusqu’en Terre Sainte. La destination demeura prépondérante durant tout le Moyen-Age pour les pèlerins venant de France, des Flandres ou d’Allemagne.

L’antique voie romaine reliant la mer du Nord à Rome fut rebaptisée Voie Roméa. Le nom de Francigena, chemin des Francs, apparaît pour la 1ère fois dans un manuscrit toscan en 876.

Pourquoi cette appellation ? Sans doute pour la même raison que le Camino Francès en Espagne, parce que ceux qui l’empruntaient étaient des Francs ou avaient transité par le territoire franc.

Au Xème siècle, Rome était victime d’une situation politique instable rendant le voyage peu sûr. A la même époque, le culte de Saint-Jacques de Compostelle en Galice, prenait son essor après la découverte de la sépulture de l’apôtre Jacques. Les pèlerinages vers Rome connurent une période de déclin.

Dès que le calme revint à Rome, la via Francigena connut un nouvel afflux de voyageurs. Le phénomène s’accentua après la défaite des chrétiens face aux musulmans à Saint-Jean d’Acre en 1291.

La Voie Francigena perdit le monopole des flux commerciaux lorsque s’ouvrirent, à leur tour, les deux routes transalpines avec le Simplon et le Saint-Gothard.


 

L’aménagement du GR 145 , nom donné à la via Francigena dans sa partie française

Depuis 2004, la via Francigena est classée Itinéraire Culturel de l’Europe, titre donné à seulement 24 chemins dont bon nombre aux chemins de Compostelle.

Pourquoi GR 145 ? Ce chemin relie le GR 14 côtier du Pas de Calais au GR 5 (Hollande-Nice) qui traverse la Franche-Comté du Nord au Sud le long de la lfrontière Suisse. Le tracé emprunté par des pèlerins ou marchands des premiers siècles ou au Moyen-Age, ne peut pour des raisons touristiques, économiques, environnementales …rester fidèle au tracé initial de Sigéric. Les voies romaines sont devenues des routes départementales  ou nationales. Sans  remettre en cause l’historicité de ce tracé, il faut penser adapter le chemin avec la trame des GR existants, en créer le minimum. Avoir en mémoire le service aux marcheurs, hébergements, alimentation, l’attrait « touristico-pédestre », avec la découverte, la surprise et la magie du chemin…

En Franche-Comté son parcours est définitivement arrêté, un fléchage provisoire aide les marcheurs dans leur progression. Des listes d’hébergements sont à leur disposition dans les Offices de Tourisme, chambres d’Hôtes, mairies, hôtels, gîtes, accueillants etc…

Prochainement un topo-guide français sera édité pour promouvoir ce magnifique chemin de plus de 1900 km. Chacun peut imaginer que ce chemin continuait  vers Jérusalem, 2900 km plus loin.